Strike back !

Perplexes, Marvin et Arthus se tenaient devant l’éboulis obstruant l’entrée de la chambre funéraire. A tout hasard, ce dernier frappe les pierres à intervalles réguliers pendant un bon moment, tentant de communiquer en morse avec leurs deux compagnons restés coincés à l’intérieur. Mais aucun son ne leur parvient en retour. Soit Sommers et le Dr Singer étaient morts, soit l’éboulis était trop épais. « Sommers ? Singer ? … Egypte de merde ! Maudits Arabes !! Saloperie de pyramide !!! » maugrée O’Donnell en commençant à déblayer, aussitôt imité par le Frenchy qui garde tout de même un œil derrière eux, au cas où d’autres bestioles cherchent à les prendre à revers.

 

De l’autre côté, Steeve et l’archéologue n’avaient rien entendu. A la lueur vacillante de sa lampe, le Dr Singer recopiait sur son calepin les deux cartes gravées sur les murs près du trône d’obsidienne. Son compagnon, préférant économiser l’oxygène, s’était assis quant à lui devant l’éboulis. La montée d’adrénaline qu’avait eue Steeve face au Pharaon Noir était retombée et il réfléchissait à cette confrontation. Si la Créature était au courant de leurs méfaits envers ses séides, toute la Secte devait les connaître à présent. Leurs adversaires les avaient clairement identifiés, et ses amis et lui se précipitaient tout droit dans la gueule du loup. « Pas question de mourir ici, Sommers ! Et surtout pas avec vous ! ». Tiré de sa torpeur par les invectives et les cailloux que lui jette Singer, énervé de le voir "roupiller" au lieu de déblayer le passage, Sommers attend que le vieux ronchon ait terminé de recopier les plans avant de le rejoindre dégager la sortie.

 

Après s’être échinés pendant près de deux heures à bouger les pierres une par une, à peine éclairés par leurs lampes et avec la sensation grandissante d’étouffer dans cet étroit tunnel, Marvin et Arhus commencent à perdre espoir … quand ils tombent nez à nez avec leurs compagnons qui déblayaient aussi l’éboulis de leur côté. Le Dr Singer et Sommers les informent qu’ils ont recopié les cartes et les mettent au courant de leur rencontre avec le Pharaon Noir. « Il a peur, la p’tite lopette ! » commente O’Donnell lorsque Steeve leur fait part de ses paroles et du faux massacre des membres de l’Expédition Carlyle qu’il leur avait montré.

 

Ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’ils retrouvent enfin la lumière du jour. Les deux soldats égyptiens aperçus plus tôt avaient disparu et leur camion était toujours là. Décidés à ne pas passer la nuit près de la pyramide maléfique, Singer déterre sa tente et son sac de couchage, Arthus s’installe au volant, et ils s’enfoncent dans les sables du désert en suivant ce qu’ils pensent être une piste. En route, Sommers leur demande soudain de s’arrêter pour faire sa prière du soir. Cela a le don d’énerver Marvin qui s’allume une clope pour se calmer. Ils continuent leur route pendant une heure ou deux, histoire de mettre une bonne distance entre la pyramide et eux, avant de s’arrêter pour bivouaquer. Marvin vérifie si rien de suspect n’est caché sous le véhicule, et ils s’installent tous quatre à bord pour dormir. Le Dr Singer s’endort presque instantanément, et les trois autres s’attribuent des tours de garde : le premier pour O’Donnell, le second pour Sommers, le dernier pour Arthus. Mais rien ne se passe pendant la nuit.

 

Dimanche 8 mars 1925:

 

La nuit porte conseil. Le lendemain matin, c’est un Marvin décidé qui expose à ses comparses incrédules son plan d’action :

« Faut buter Omar Shakti avant d’quitter l’Egypte ! Et s’assurer qu’y a aucun risque de ressusciter Nitocris. Faut détruire la momie en lui foutant le feu au cul, au cas où y ait un autre truc pour la ramener à la vie sans la ceinture ! Retournons à Meïdoum, ça doit grouiller de sectateurs là-bas. J’vais te les faire parler, moi ! »

 

Sitôt ont-ils levé le camp qu’il croise la route d’un jeune Egyptien juché sur un chameau. Arthus lui demande le chemin d’El Wasta, le village mentionné par Auguste Loret. Le jeune bédouin leur indique la direction d’un gros bled entouré de champs, au bord du Nil, à une centaine de mètres à peine de leur campement !

Les habitants étaient en train de se réveiller et ils laissent leur véhicule à l’entrée du village sous la garde du Dr Singer. Le trio devient vite l’attraction des enfants, suscitant un mélange de curiosité et de méfiance.

Ils interrogent les habitants sur l’homme et sa mère ayant recueilli un Occidental pendant deux ans, et un vieil homme encapuchonné finit par les accoster. Il avait la moitié du visage déchiquetée et il lui manquait un bras. Il sent la mort, pense Arthus en fronçant les narines. L’homme les conduit jusqu’à une vieille cahute délabrée près du Nil. Sommers pénètre à l’intérieur sans hésiter, suivi par Arthus et O’Donnell.

 

Umba d'El Wasta
Umba d'El Wasta

Il y faisait très sombre. Au milieu d’un enchevêtrement d’objets sales, cassés et poussiéreux, entassés de bric et de broc un peu partout, ils aperçoivent une très vieille femme en djellaba élimée, prostrée sur le sol.

Celle-ci paraissait si âgée qu’elle pouvait être la mère du vieil homme les ayant conduits ici et elle était hideuse. Sa peau était ravagée par d’atroces brûlures, sa mâchoire inférieure totalement détruite, et elle n’avait à la place des mains que d’horribles moignons rongés par les flammes. Les mêmes cicatrices que Faraz Najir. A leurs questions, ils n’obtiennent pour toute réponse que des gémissements inaudibles et des gargouillis suintants. Lorsque Sommers lui montre le Sabre d’Akmallah, elle baragouine quelques mots en mauvais égyptien, entrecoupé de crachats et de borborygmes répugnants, et semble lui indiquer d’un hochement de tête une autre pièce. 

 

Derrière une tenture, il découvre tout un tas de paniers d’osier dégueulasses, remplis de débris et de détritus. Parmi eux, un panier plus lourd contenait un bout de granit, une petite dalle parcourue de fines veinules rouges, mesurant 25x15cm et comportant quelques symboles égyptiens gravés, vieux de plusieurs siècles. Elle semblait incomplète, comme une pièce cassée faisant partie d’un ensemble plus vaste. Steeve fourre la pierre dans sa poche et rejoint les autres. En arabe, Arthus était en train d’interroger l’homme défiguré venu poser une couverture miteuse sur sa mère endormie.

La vieille Egyptienne au corps brisé s’appelait Nyiti et son fils Umba. D’une voix hésitante et apeurée, celui-ci leur explique que leur ancienne maison avait entièrement brûlé et que leurs horribles blessures étaient dues à l’attaque d’un crocodile alors qu’ils vaquaient à leurs occupations au bord du Nil. Le trio n’en croit pas un mot. Visiblement, leur hôte avait peur de parler, et sa mère et lui n’étaient coupables que d’avoir secouru le Français Auguste Loret et d’avoir contrarié les sbires du Pharaon Noir.

Après que Sommers lui a donné GB£ 20.00, les trois compères prennent congé.

Dehors, les dunes de sable à l’horizon projetaient comme l’ombre distordue d’un pharaon sous le soleil matinal. Retenant un frisson, le trio regagne le véhicule et Steeve montre leur découverte au Dr Singer. Ce dernier est incapable de déchiffrer les symboles qui y sont gravés, et ils décident de retourner à Dahshur voir la Pyramide Rouge. Le granit parcouru de veinules rouges de la pierre était caractéristique de cette pyramide.

 

Après un détour pour éviter de trop s’approcher de l’autre pyramide maudite, ils atteignent leur destination. Un monticule de pierres d’une vingtaine de mètres de haut, sans entrée apparente ni inscriptions gravées à l’extérieur. Des pans entiers de l’édifice manquaient et de nombreux fragments plus ou moins gros parsemaient le sable à ses pieds. Bon grimpeur, Arthus gagne le sommet. D’en haut, la vue sur les longues étendues désertiques, la vallée du Nil plus verdoyante et les vestiges archéologiques étaient grandioses. Au loin, il pouvait même apercevoir Meïdoum flotter tel un mirage par delà le village d’El Wasta. Mais pas la moindre inscription au faîte de l’édifice, ni la moindre dalle pouvant rappeler celle trouvée chez la vieille éclopée. Malgré ses maigres talents d’alpiniste, O’Donnell se hisse même jusqu’à mi-hauteur pour faire de même, mais sans succès lui aussi. Estimant qu’ils perdent leur temps ici, Sommers préfère faire le guet et reste assis près de leur véhicule. Les trois autres élargissent le périmètre de leurs recherches, examinant la moindre surface de sable et les blocs éparpillés çà et là. En vain.

Au bout de deux heures de fouilles infructueuses, ils ont la quasi-certitude que leur bout de pierre provenait bien de cette pyramide mais, un peu dépités, ils n’ont strictement rien trouvé d’autre. Sous l’impulsion de O’Donnell, ils reprennent leur véhicule et décident de repartir en sens inverse à Meïdoum. Ils étaient persuadés qu’une cérémonie impie nocturne s’y préparait.

En chemin, Sommers recopie les inscriptions gravées sur la pierre sur les dernières pages vierges de son Coran. Pour eux, c’étaient les sectateurs qui avaient brisé la dalle portant ces inscriptions sur la Pyramide Rouge, permettant ainsi le retour de Nephren-Ka, aussi appelé le Pharaon Noir ou Nyarlathotep. Le Dr. Kafour pourrait sûrement les aider à en traduire le sens.

 

C’est en plein cagnard qu’ils arrivent aux ruines de Meïdoum, aux alentours de 15h00.

Un défilé conduisait à une ancienne pyramide en escalier passablement détériorée, avec une énorme porte béante ouvrant sur les profondeurs. Derrière, ils aperçoivent un gros tas de cailloux qui devait être un ancien bâtiment effondré. Ils observent les alentours avec leurs jumelles mais il n’y avait personne. Après une prière, Sommers s’approche de l’ouverture colossale et, allumant sa lampe, il s’avance dans l’obscurité. Il descend une volée de marches et, quelques dizaines de mètres plus loin, il parvient à une salle souterraine fermée. Une sorte de temple funéraire avec des hiéroglyphes sur les parois. Il jette un bref coup d’oeil mais ne remarque aucune trace de passage récent ni de mécanisme. A l’extérieur, les trois autres ont dissimulé pendant ce temps leur véhicule à l’aide des toiles de tente recouvertes de sable

 

Ils avaient d’abord longuement hésité à creuser un trou pour l’y enterrer ! En ressortant, Steeve remarque facilement le véhicule mal camouflé. Certains que l’endroit était désert, Marvin, Arthus et le Dr Singer se rendent à leur tour dans la salle souterraine et trouvent rapidement une paroi amovible, donnant sur un tunnel secret remontant. Selon les hiéroglyphes gravés sur les murs, l’archéologue les informe qu’il doit s’agir du tombeau de Snéfrou. Déçu de ne pas être tombé sur un nid de sectateurs, le trio regagne l’air libre sans aller plus loin.

 

Evitant d’allumer un feu pour ne pas se faire repérer, ils dînent rapidement de quelques boîtes de conserves froides et, après s’être mis d’accord sur les tours de garde, ils ne tardent pas à se coucher. C’était une nuit sans étoiles, froide, noire, silencieuse… Pendant son tour, Steeve serre la garde de son sabre jusqu’au sang, observant avec inquiétude les ruines autour d’eux.

 

Lundi 9 mars 1925:

 

A l’aube, persuadé qu’il ne se passera rien ici non plus, le petit groupe reprend la route en direction de Memphis, pour se renseigner sur l’Expédition Clive dont leur avait parlé le Dr Kafour. Après tout, celle-ci était elle aussi financée par la Fondation Penhew et elle était à l’origine de la découverte de la momie de Nitocris. Son vol n’était peut-être qu’un subterfuge de leur part ?

Ils reprennent donc la piste cahoteuse en direction du Caire, passant non loin de Saqqarah où Arthus et Steeve étaient venus quelques années plus tôt. En arrivant à Memphis, ils aperçoivent au loin un vaste chantier de fouilles.

 

A l’entrée du village, Sommers demande à ses compagnons de le déposer sur le bord de la piste. Il préférait continuer à pied et observer le campement à distance avec ses jumelles depuis une dune voisine. Il n’avait pas envie de se faire voir par Clive ou ses acolytes, et si les choses tournaient mal, il pourrait toujours couvrir ses amis avec son fusil ou les secourir plus tard.

De leur côté, Arthus décide de se faire passer pour un riche Français amateur d’archéologie, ayant recruté pour l’aider un égyptologue à le retraite et un garde du corps : le Dr Singer et O’Donnell. En s’approchant, ils remarquent une clôture en barbelés entourant le chantier et un nombre important d’hommes armés patrouillant ça et là. Au fond, de nombreux ouvriers étaient occupés à creuser et une ambiance pesante, étonnamment calme, voire sinistre, régnait sur les lieux.

 

Martin Winfield
Martin Winfield

Leur camion est rapidement arrêté par trois sentinelles. « L’accès au public n’est pas autorisé. C’est un site privé ! » En Arabe, Arthus leur explique qu’ils sont envoyés par la Fondation Penhew et souhaitent rencontrer le responsable. Après de longues minutes, ils voient arriver un grand type blanc, mince, blond, avec un revolver dans un holster et un fusil de chasse sur l’épaule. Tout en marchant avec arrogance, l’individu se donnait des coups de cravache sur la cuisse. La lueur vicieuse brillant dans ses yeux conforte Marvin dans son opinion. L’homme, qui se présente à eux comme un certain Martin Winfield, était une brute épaisse et sadique. Avec plus ou moins de talent, Arthus tente de le baratiner mais Winfield n’est pas dupe. L’air arrogant, le ton méprisant, l’homme plait tout de suite à O’Donnell, qui aimerait bien lui faire sauter quelques dents d’un bon coup de poing. « Lâchez-moi et évitez de me faire perdre mon temps ! Allez donc au Musée du Caire et graissez la patte du Dr. Kafour ! » leur lance-t-il dédaigneux avant de tourner les talons. « Si c’est vraiment la Fondation Penhew qui vous envoie, vous devriez savoir quoi faire au lieu de nous importuner ! »

 

Voyant cela, Marvin simule alors une panne de moteur. « Putain patron, on peut pas repartir ! » lance-t-il au Frenchy d’une voix faussement contrariée en faisant le tour du véhicule. Le Dr Singer préfère sagement y rester assis, tandis que les deux autres poursuivent leur comédie sous le regard incrédule des gardes. Au bout d’une dizaine de minutes, un autre Occidental finit par s’approcher, escorté par Winfield à qui Marvin fait un clin d’œil amusé. « Je suis Henry Clive. Que se passe-t-il ici ? On me dit que vous créez des problèmes et que vous êtes envoyés par la Fondation Penhew ? » Apparemment agacé, celui-ci toise Arthus qui s’emmêle dans ses explications sur Gavigan, les raisons de sa présence et ses relations avec la Fondation Penhew. Le privé, parfois plus psychologue qu’il n’y parait, réalise qu’Henry Clive s’amusait en fait profondément de la situation et cherchait à garder son sérieux. « Sans ordre de mission de la Fondation, je ne peux pas vous laisser entrer sur le site. Vous n’êtes que des amateurs. C’est au Musée du Caire qu’il faut commencer vos fouilles, messieurs. Vous êtes sans intérêt ! » conclut-il avant de leur tourner le dos.

Inutile d’insister. Marvin redémarre le moteur et ils font demi-tour. A peine ont-ils repris la route que ce dernier s’enflamme : « Ce type en sait suffisamment pour pas avoir cru une seconde à tes boniments, Arthus ! Il doit savoir pour Gavigan. C’est sûr, il est d’ mèche avec le Pharaon, les sectateurs et tous les autres. Le vol de la momie, c’est d’la connerie. Ils sont mouillés jusqu’au cou comme ct’enfoiré d’Omar Shakti ! »

 

Depuis les hauteurs, Sommers avait pendant ce temps longuement observé le campement avec ses jumelles. Il avait repéré une vingtaine de gardes à l’intérieur du périmètre de barbelés, effectuant des rondes ou postés en sentinelles. En dehors des deux Occidentaux venus parler avec ses compagnons avant de tourner les talons, il avait aussi remarqué trois autres personnes au centre du site : une femme d’une soixantaine d’années, dont la présence ici semblait incongrue, un homme ordinaire à l’apparence complètement anodine, et une autre gars avec de petites lunettes rondes et un costume colonial, dont la démarche, l’accoutrement et les armes portées à sa ceinture trahissaient l’entraînement militaire.

En voyant le véhicule de ses compagnons repartir, il quitte son poste. Il était 16h00 et il n’y avait pas d’hôtel à Memphis, seulement quelques restaurants locaux agglutinés les uns aux autres dans la rue principale. Après avoir acheté quelques figues de barbarie et des dattes à un marchant ambulant, d’un aspect plus alléchant que le poulet épicé accompagné de fèves servi dans les bouis-bouis du coin, Sommers retrouve les autres sur la piste menant au Caire. C’est quelque peu indécis sur la marche à suivre qu’ils s’éloignent dans le désert.

 

A l’initiative de O’Donnell, ils décident finalement de préparer une embuscade nocturne sur la piste, persuadés que Clive et ses acolytes étaient dans le coup et ne manqueraient pas d’envoyer un émissaire au Caire suite à leur venue. En fin d’après-midi, alors que les paysans locaux rejoignent leurs habitations, le petit groupe fait semblant de tomber en panne. Ils en profitent pour creuser une tranchée suffisamment profonde sur la piste et la camoufler sous une toile de tente recouverte de sable. S’ils avaient raison, un véhicule envoyé par Clive risquait d’emprunter la piste menant de Memphis au Caire dès ce soir, et il devrait y laisser son essieu. Après avoir caché leur propre camion derrière un mur délabré un peu plus loin, ils prennent position tout autour de leur piège, se dissimulant armes en main derrière des éboulis, des rochers ou des monticules de sable.

 

Alors que la nuit tombe, ils aperçoivent un véhicule rouler dans leur direction en provenance de Memphis. Leur intuition avait été la bonne. Leur traquenard fonctionne à merveille, et alors que le camion est stoppé net par la tranchée, O’Donnell bondit. « Bandes de salopard, bougez pas ou vous êtes morts ! » hurle-t-il d’une voix menaçante en levant son arme. « Haut les mains, vous êtes cernés ! » renchérit Arthus en se précipitant à son tour de l’autre côté. Henry Clive était au volant, Martin Winfield assis à ses côtés et une demi-douzaine d’individus à l’arrière. Revolver au poing, le Dr Singer donne de la voix un peu plus loin derrière. Sommers, lui, décide de rester silencieux tout en braquant les six hommes déséquilibrés par l’accident.

Levant les mains en l’air, Clive obtempère, imité par son comparse. Tout se passe alors très vite ! Devant un Dr Singer ébahi, O’Donnell se retourne brusquement et jette son fusil le plus loin possible, avant de s’accroupir sur le sol en gémissant et en se tenant la tête. Sans hésiter, Arthus se précipite alors jusqu’à la portière du véhicule et assomme Clive d’un bon coup de crosse en plein visage, lui explosant la mâchoire. Retrouvant ses esprits in extremis, le privé roule-boule sous le camion, évitant un tir de Winfield quasiment à bout portant. En revanche, ce dernier, lui, n’échappe pas aux deux tirs de P38 du Frenchy, bientôt imité par Marvin à travers le plancher. Les deux corps s’affalent sur le tableau de bord. A l’arrière, alors que les gardes se relèvent et retrouvent leur équilibre, Sommers arrose le fourgon et ses occupants de rafales nourries de sa Thomson.

Avec la trousse de secours que le privé ramène précipitamment de leur véhicule, Arthus tente désespérément de soigner Henry Clive et de stopper l’hémorragie. Malgré les risques encourus, O’Donnell voulait garder le sorcier en vie pour le faire parler mais, après moult tergiversations et voyant que son compagnon n’arrivait pas à stabiliser le blessé, il lui donne un violent coup de pied en pleine tête histoire de l’achever.

Sur les corps, ils ne trouvent rien d’autres que GB£ 20.00 et des armes. Steeve découvre aussi qu’un garde porte, sous sa djellaba, une ankh inversée autour du cou. Après avoir sorti le camion de la tranchée et l’avoir tiré jusqu’au Nil grâce au leur, ils lestent les cadavres et font disparaître le tout dans le fleuve. Les crocodiles devraient s’en occuper. Le petit groupe décide alors de retourner à Memphis pour profiter de leur avantage et s’infiltrer discrètement dans le campement adverse.

 

Sur place, le Dr Singer reste à monter la garde dans leur camion qu’ils laissent en haut des dunes. Les trois autres se glissent jusqu’au chantier. Sommers leur découpe une ouverture dans les barbelés et, O’Donnell en tête, ils se faufilent discrètement jusqu’à l’arrière des trois tentes que Steeve avait repérées dans l’après-midi. Elles jouxtaient un feu de camp où ils repèrent quatre silhouettes armées en djellaba. Après s’être silencieusement glissés chacun sous une tente, ils en assomment promptement les trois occupants plongés dans le sommeil, avant de leur bander les yeux, de les bâillonner et de les ligoter : la femme d’une soixantaine d’années, l’ancien militaire au costume colonial et le troisième Occidental plutôt anodin.

Alertés, trois gardes se rapprochent suspicieux de la tente de Marvin. Celui-ci se débarrasse du premier en lui balançant un bon uppercut, avant de tirer sur les deux autres en utilisant un coussin comme silencieux. Avec son épée, Arthus transperce à travers la toile le crâne du dernier garde avant qu’il ne donne l’alerte. Sans tarder, O’Donnell part fouiller la tente de Clive mais, en dehors d’une malle de vêtements, d’une carte du site archéologique sans annotation notable et de quelques dessins d’objets découverts lors des fouilles, il ne trouve rien. Le privé s’éloigne alors dans la nuit pour mettre les sentinelles postées aux extrémités du camp hors d’état de nuire. De leur côté, après avoir crevé les pneus des véhicules sauf un, le Frenchy va chercher des jerricans d’essence et, après avoir arrosé d’essence la tente servant de dortoir à la dizaine de gardes endormis, ils entassent les jerricans près de l’entrée. Pendant ce temps, ayant rabattu la capuche de sa djellaba, Sommers s’assoit près du feu en positionnant les cadavre assis à ses côtés pour donner le change, prêt à mitrailler la tente si jamais l’alerte était donnée.

Arthus charge prudemment leurs trois prisonniers inconscients à bord du camion dont il avait épargné les pneus. Sommers tourne la manivelle, le Frenchy s’installe au volant et il démarre immédiatement, en jetant son briquet sur les jerricans d’essence entassés près du dortoir. La toile de tente s’embrase illico et, tandis que des cris de panique se font entendre à l’intérieur, Sommers arrose copieusement celle-ci d’une rafale de Thomson avant de s’accrocher à la portière. Ils récupèrent Marvin au passage et, défonçant la barrière, ils rejoignent le Dr Singer en haut de la piste menant au site. Après avoir transféré les prisonniers dans leur véhicule, ils se débarrassent de l’autre en lui faisant dévaler la pente en sens inverse …