Un tandoori vaut mieux que deux tu l'auras ! 

Vendredi 27 mars 1925 (nuit)


Dépité, Arthus rebrousse chemin et retrouve Singer devant les bureaux du journal, l’incendie est en train d’être maîtrisé.

Ils ne traînent pas dans le coin et le Frenchy, blessé, entraîne son comparse en direction de l’hôpital. La nuit était tombée sur Nairobi et ils arrivent au State Hospital 20 minutes plus tard dans une charrette tirée par un hémeu.

Arthus relate rapidement à ses compagnons les derniers évènements et, avec un air de comploteur, leur propose discrètement d’accélérer leur rétablissement. Ils quittent la chambre commune et les deux chasseurs de rhino blessés et, dans une salle vide, le Frenchy se donne en spectacle en pratiquant sur eux le rituel de régénération appris dans le livre d’Abel de St Luc, à grands coups de gestes saccadés et de chants Inuits. Il en profite pour leur raconter leur rencontre avec Johnstone Kenyatta puis avec le dénommé Okomou dans un village au fin fond de la brousse, qu’il devait retrouver le lendemain matin en espérant rencontrer le vieux Bundari. Il convainc ses compagnons blessés de reprendre l’initiative et d’attaquer le responsable des attaques, Tandoor Singh. « En avant pour la chasse à la moustache ! » conclut O’Donnell.

Arthus soudoie l’ambulancier pour qu’il les conduise avec sa carriole jusqu’au centre-ville pour une secrète virée nocturne. Après avoir déposé Singer à l’hôtel, ils croisent plusieurs patrouilles militaires avant de s’enfoncer dans le quartier brun.

Bien évidemment, avec la nuit venue et sans éclairage public, Arthus ne reconnaît rien de rien et au bout d’une heure, les trois compères se retrouvent complètement perdus, sous le regard suspicieux des rares autochtones traînant encore leurs guêtres à cette heure tardive. Il était prêt de 23h00. Sommers escalade une bicoque en ruines et repère les lumières de la rue principale quelques rues plus loin et, 15mn plus tard, les voilà de retour près de l’Etoile de Nairobi. Arthus finit enfin par se repérer. Ils arrivent à la boutique du marchand de thé, Marvin reste à observer la porte d’entrée tandis que les 2 autres en font le tour.

Tout est fermé et aucun bruit ne provient de l’intérieur. « 5 dollars qu’il met une demi-heure à ouvrir » glisse Arthus à Sommers alors que Marvin sort son attirail de crochetage. « Tenu ! » Le privé trifouille dans la serrure et quelques secondes plus tard, au grand étonnement des 2 autres, un léger clic se fait entendre. La porte s’ouvre en grinçant, alors qu’is voient passer un petit vieux poussant une charrette avec des casseroles. Tous trois se glissent à l’intérieur et, après avoir refermé discrètement la porte derrière eux, O’Donnell allume sa lampe.


Ils se retrouvent dans la boutique du marchand de thé, un couloir derrière le comptoir (une chaise, un coffre, un établi) semble mener à d’autres pièces à l’arrière de la boutique. Avant d’arriver à la réserve, ils passent devant un rideau derrière lequel ils découvrent une chambre à coucher décorée de peintures hindi, avec 2 lits défaits, un bureau sommaire et un gros coffre en bois précieux avec des décorations indiennes. Personne ! Dans le coffre, des vêtements. Sous l’un des oreilles, Arthus trouve un petit calepin avec des chiffres, des noms, écrit dans une langue étrangère. Pendant qu’Arthus et Sommers fouillent la réserve, beaucoup de caisses en provenance de Chine et d’Inde, Sommers se cache derrière le comptoir. Ils ne trouvent rien. Dehors, des bruits rythmiques africains leur parviennent au loin, ils semblent s’arrêter puis s’éloigner. Ils décident de poireauter quelques heures ici et après avoir convenu d’un signal d’alerte (un miaouw pour prévenir, deux miauws si ça craint), Sommers grimpe sur un toit en face pour surveiller et O’Donnell ferme la porte derrière lui.

Alors que Marvin manque s’endormir et réveille Arthus pour son tour de garde, à l’extérieur, Steeve a soudain une impression désagréable. Sa paume commence à le gratter, il a l’impression que sa peau se désagrège et part en fumée quand il entend un ricanement derrière lui avant de sombrer dans l’inconscience …

 

Au bout de quatre heures, pendant que Marvin s’approche de la porte pour crocheter, il entend un bruit sourd venant de la rue et à travers la fenêtre, il croit apercevoir les bottes de Sommers dépassant de la ruelle adjacente. Couvert par le privé, Arthus enjambe la fenêtre et gagne la ruelle indiquée par son comparse. Aucune trace de leur compagnon. Mais il voit des traces, on a trainé un corps dans la ruelle. Les traces disparaissent malheureusement au bout de quelques mètres, et Marvin croit entendre des chuchotements dans les ruelles avoisinantes. Ils tentent d’écouter aux portes, mais n’entendent rien.

 

Dans un état semi-comateux, quasi-mort, Sommers entend à travers le brouillard deux voix au fort accent hindou : « On va le crever ! Allons au temple. S’ils nous rattrapent, on le lâche, on les aura avec la sorcière ! »

 

Arthus grimpe sur un toit et parvient à apercevoir au loin deux silhouettes en train de porter leur ami en train de s’éloigner vers le quartier noir. Très vite, Arthus commence à distancer O’Donnell, il tourne à droite, à gauche, à gauche et encore à droite, il va les rattraper quand, au détour d’une ruelle, il tombe sur … le cadavre de Sommers gisant au sol. Sa peau est toute grise, noire par endroit, il est comme couvert de cendres, flétrie, comme arrachée par endroit, et un énorme hématome orne sa tête.

 

Arthus continue sa poursuite, alors que O’Donnell arrive à son tour, vérifiant le poul de son ami. Sommers respire à peine. Plus loin, Arthus arrive à une artère et, voyant les deux fuyards tourner dans une rue un peu plus loin, il vise, tire une balle et abat froidement l’un des fuyards, l’atteignant dans le dos. Il continue sa course et d’un tir, il explose la cuisse du second tjs en train de courir qui s’écroule : « Sale chien ! Vous allez crever, la sorcière va vous tuer ! » avant de lâcher son dernier soupir. Arthus les fouille rapidement. Habillés de la même manière, les deux hommes étaient jumeaux. La clameur commence à monter dans le quartier, alertés par les coups de feu, les habitants sortent de chez eux. Arthus arrache un turban comme trophée avant de quitter le coin au plus vite.

 

« Miaoux » articule Sommers en revevant à lui, porté par Marvin « Sorcière … Temple … » balbutie-t-il.


Rejoints par Arthus, ils quittent précipitamment le quartier brun et, après avoir trouvé un taxi hémeu, ils déposent  Sommers à l’hosto avant d’aller à l’hôtel. « Je ne vais pas te laisser tout seul aller voir ces sales Nègres » lâche Marvin, décidé à accompagner Arthus voir le vieux Bundari.

Ce-dernier se montre un peu réticent mais finit par accepter : « D’accord, mais tu fermes ta gueule. Bonjour, merci, au revoir. Tu me laisses parler ! » Ils racontent les derniers évènements à Singer et, laissant celui-ci veiller Sommers à l’hôpital !

Samedi 28 mars 1925:


A 08h00, comme convenu, la Rolls Royce de couleur jaune s’arrête devant l’hôtel. Marvin et Arthus montent à bord, prétextant que le Prof Singer est indisposé. Après 2 bonnes heures de piste, ils arrivent au village kikuyu en milieu de matinée.


La plupart des indigènes sont entièrement nus mais aucun ne semble avoir de dentition pointue propre aux cannibales des séries pulp ! , à la stupéfaction de O’Donnell.


Les enfants entourent les arrivants pendant que le chauffeur, les invitant à descendre du véhicule, les conduit à la cbane d’Okomou. « On cherche Ceux sous la Montagne, on est motivé, on a des flingues, des gros, on sait s’en servir, on est pas des tapettes » lâche Marvin, tandis qu’Arthus répète son discours de la veille Ils recherchent les sectateurs de la Langue Sanglante. « Pensez-vous etre suffisamnt forts pour extirper le Mal de la montagne et combattre la sorcière sous la montagne et ses séides ? » leur demande leur interlocuteur, il accepte finalement de les conduire à la Maison Escargot, comprenant aux dires de leur hôte que le vieux Bundari doit s’y trouver, en transe.

Okomu
Okomu

Okomu les invite à patienter dans le plus grand calme jusqu’à son retour. Un couloir sombre en spirale, aux décorations hésotériques locales, les conduit jusqu’à une pièce centrale. Les murs blanchis à la chaux sont couverts de runes qu’ Arthus identifie comme des runes de protection. Un très vieil homme assis en tailleur se tient face à la porte.

Le jeune gardien les invite à s’asseoir à même le sol et l’attente commence. Marvin s’endort presqu’aussitôt. Le Frenchy lutte pour ne pas s’endormir, alors qu’Okomu, silencieux, masse régulièrement les membres du vieillard. Les seuls bruits dans la pièce sont les ronflements de O’Donnell et la respiration extrêmement lente du vieillard. Au bout de sept heures à attendre, Arthus s’endort lui aussi, exténué.

Le vieux Bundari
Le vieux Bundari

Au bout d’un temps incertain, Marvin retrouve ses esprits. La respiration du vieillard s’est accélérée et le jeune homme se lève, leur ramenant un bol de lait à l’odeur forte et de quoi grignoter.

Le vieux sorcier, l’air hagard, revient peu à peu à lui. Okomou lui sert de traducteur : « Toi, tu as la rage dans le cœur, tu dois découvrir l’amour dans le souvenir de ton père » dit-il en regardant O’Donnell.


«La Lune Sanglante est un démon qu’on ne peut pas combattre, elle devient arrogante, elle est présente dans tout le pays. Des gens disparaissent dans tout le pays et sont emportés dans lla montagne en vue de grands sacrfices à venir …Si vous désirez vous y rendre, on peut prendre disposition . Je peux vous indiquer où se trouve la Montagne, mais le chemin est périlleux. Vous pourrez sans doute, pmeut etre, accomplir de grande chose si vous l’atteignez. Une sorcière nommée M’Whétu, la grande prêteresse de la Lan gue Sanglante, se trouve la bas… » Après un silence, il ajoute : « Je peux vous aider, vous donner quelque chose pour la combattre » Il écrase quelques insectes morts dans une calebasse, rajoute du lait caillé et quelques ingrédients indéfinissables, il crache dedans, secoue, remue, referme avec un bouchon.

"Une gorgée de ceci vous plongera dna sl’ombre de vos ennemis, mais méfiez vous des esprits forts. » leur dit-il en tendant la mixture à O’Donnell .. « C’est une ennemie de l’Afrique, de la Liberté. »


« C’est aussi une ennemie des Etats-Unis » renchérit O’Donnell. « Comment la combattre ? »


Après avoir pratiqué sur eux un rituel de soins, l’homme continue de répondre à leurs questions. Il a entendu parler des membres de l’Expédition Carlyle, certains disent qu’ils sont mors, d’autres qu’ils sont vivants. Mais si O’Donnell espère une aide un peu plus matérielle, le vieux Bundari ne peut que leur donner des indications sur le chemin pour se rendre à la Montagne du Vent noir et il accepte de leur fournir des porteurs. Okomu leur dessine une carte sommaire. Mais les yeux de la sorcière sont partout. Quand vous déciderez de partir pour la montagne, quel que soit le chemin pour y aller car il y en a plusieurs, repassez par ici. Je mettrai quelqu’un de confiance pour vous accompagner. Suivez votre destin, et soyez prudents ! »


Après l’avoir remercié, Arthus et Marvin prennent finalement congé, il fait nuit noire. Retour en Rolls Royce à Nairobi, il est 22h00 quand le chauffeur les déposent devant l’hôpital.